Elle fit appel à ses dernières forces et marcha jusqu'à la voiture en songeant amèrement à l'absurdité de cette visite. Qui était cet Edgar Cayce qui se prétendait
diagnosticien psychique et dont les radotages étaient censés accomplir des miracles ? Les plus grands spécialistes n'avaient rien pu pour elle. Leurs traitements et leurs opérations n'avaient fait que retarder un peu les progrès de sa tuberculose.
— Je t'en prie, essaye d'avoir un peu de foi. Quand j'ai pris rendez-vous pour ta lecture, ils m'ont dit qu'il était indispensable de croire, de vouloir être aidée.
— De foi ! Est-ce que la foi refermera un trou de deux centimètres dans mon poumon ? Est-ce que la foi remettra en place mon cœur, et mon poumon gauche, quand tout l'air qu'on m'a pompé les a repoussés de côté ? Ne sois pas naïve, maman !
« Quoi qu'il en soit, soupira la jeune fille, ne le laisse pas brûler un tas d'encens autour de moi. J'ai déjà tant de mal à respirer de l'air pur…
— Il ne se sert pas d'encens, voyons ! Il s'allonge simplement sur un divan et s'hypnotise.
— Mon Dieu ! J'aurai tout entendu ! Et veux-tu me dire où ce somnambule a fait ses études de médecine ?
— Quand il est réveillé, conscient, il ne connaît rien à la médecine, il ne sait pas grand-chose, en dehors de la Bible. Il ne comprend même pas ce qu'il a dit pendant son sommeil.
(...)
Pour l'accueillir, Edgar Cayce se leva de derrière un vieux bureau encombré de papiers, en repoussant une machine à écrire. La jeune fille regarda cet homme-miracle, celui qu'elle avait traité de charlatan, d'escroc vivant de la crédulité publique.
Il était grand et mince, mais ne ressemblait en rien à un quelconque fakir. Il lui prit la main en souriant.
— J'ai prié pour que je puisse vous guérir, mademoiselle, parce qu'il est évident que votre malheur est grand. Je ne peux rien promettre, bien sûr. Cela échappe à mon contrôle.
— C'est... si différent de ce que je croyais, bredouilla-t-elle. Je ne comprends pas.
— Moi non plus. Je sais seulement que je possède un don étrange. Je m'endors, et les mots sortent de ma bouche, des mots que je n'entends pas et que je ne comprends pas ensuite quand je les relis. Tout ce que je sais, c'est que, depuis la première fois que c'est arrivé, en 1910, il y aura trente-sept ans ce mois-ci, des milliers de personnes ont été guéries et pas une seule blessée par mon pouvoir. Aujourd'hui, avant de m'endormir, je vais faire une prière spéciale, pour que ce qui sortira de ma bouche vous guérisse.
— Qu'est-ce que je dois faire ? demanda nerveusement la jeune fille.
— Rien, ma chère petite, lui dit Gertrude Cayce en souriant. Asseyez-vous, et écoutez. Ce ne serait pas mauvais si vous profitiez de ce moment de méditation pour réfléchir à votre besoin de guérison et à ce que vous pourrez faire pour aider les autres une fois guérie. Très souvent, la lecture commence par ces mots : « Ce serait mauvais de guérir le corps sans guérir l'âme. »
▲Replier▲