Quand la guêpe Cotesia pond dans une chenille, ses larves la dévorent lentement, de l'intérieur, de façon invisible. Une mauvaise parole fait de même.
En voici un exemple: une jeune fille, depuis l'au-delà, raconte à la médium son suicide. Pour elle, tout à commencé quand, à peine âgée de sept ans, elle renversa malencontreusement un plateau chargé de verres.
« Tandis que je m’apprêtais à courir pour prévenir la dame qui faisait le service, j’entendis une personne lancer quelques mots qui telles des flèches empoisonnées me paralysèrent : “Comme cette petite est maladroite ! Comment des parents aussi talentueux ont-ils pu donner naissance à une enfant aussi handicapée ?”
Cette phrase assassine est restée gravée en moi et même si je croyais l’avoir oubliée, elle continuait son œuvre destructrice en se rappelant régulièrement à moi.
À partir de ce jour, mes longues jambes que je comparais à celles des hérons, ma haute taille, ma maigreur, me semblèrent un handicap majeur dont je ne pouvais me débarrasser et que je ne pouvais changer.
(...) Imperceptiblement, je commençai à en vouloir à mes parents d’être si beaux et si heureux tandis que moi je me débattais avec ce que je croyais être mes handicaps. »
On dit que la parole reflète notre pensée. Mais c'est faux.
Lâchée sans un minimum de réflexion, elle la trahie souvent au contraire, parce que les mauvais esprits la manipulent.
C'est pourquoi il faut être vigilants avec les mots qui sortent de notre bouche, en particulier lorsque nous sommes en colère,
car ils peuvent être irrattrapables.
De même, une parole peut sauver!
- Que puis-je faire pour mon amie Alice, qui a un cancer ? « Amène-la à notre vie, à notre monde. Je saurai vous guider pour trouver les mots. »
« La recherche de la vérité ne peut se faire que dans le silence, il faudrait de longues heures de paix avant d’aborder certains sujets. Voilà pourquoi ces aréopages d’intellectuels qui, les uns après les autres clament leurs opinions sur tel et tel sujet, pourraient être apparentés à des réunions d’exhibitionnisme mental.
Dans ces colloques où l’éloquence prend une si grande importance, rien de réellement profond n’est abordé. Ce mode d’échange est faussé par le désir de briller. Ces causeries, ce sont des jeux d’illusionnistes, l’homme aime à s’écouter parler. »
« Caricature du don. Et il se lève pour prendre la parole dans les banquets. Il plie vers les convives comme l’arbre lourd de ses fruits. Mais les convives n’ont rien à cueillir.
Mais il en est toujours qui croient cueillir car ils sont plus sots que le premier, et s’estiment honorés par lui. Et s’il le sait, le vaniteux, il croit qu’il a donné puisque le convive a reçu. Et ils se balancent l’un devant l’autre comme deux arbres stériles. »
La parole est acte.
Bonne – elle élève ; mensongère – elle enterre.
Elle enterre non pas la vie – mais le degré de vie.
[ elle entrave l'élévation de l'homme ]
Ne dis jamais ce qui n’est pas vrai !
Grave cela en ton cœur.
Aie horreur de l’ombre même du mensonge.
La parole est porteuse de lumière.
La parole vraie a son poids.
La parole est sacrement.
Le pont entre la matière et l’esprit : le VERBE.
Quoiqu'il semble nous en coûter, ne mentons jamais. La Bible l'affirme : « Le menteur sape l'un des piliers du monde »
Le mensonge est tentant : d'un mot tout s'arrange, mais à plus ou moins brève échéance, tout se détraque. « Avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour. »
« Surveille les mots qui passent ta bouche. Prends garde à leur pouvoir. La parole détournée est un agneau qui échappe au regard du berger, une folie qui conduit le troupeau entier à la mer. »
« Mes fils et mes filles, évitez les conversations frivoles, ne fréquentez pas la compagnie des rieurs. Éloignez-vous des médisants ; ainsi nul ne les écoutera. Si leurs compagnons les fuyaient, les calomniateurs se tairaient. »
« Le sophiste Qui argumente, raisonne faux malgré l’apparente vérité (implique généralement la mauvaise foi) est de toutes les générations décadentes. Subtil, raisonneur, corrosif, ils pullulent aussi fatalement que les vers dans un corps en décomposition. Qu’ils s’appellent athées, nihilistes ou pessimistes, de tous temps ils se ressemblent. Toujours ils nient Dieu et l’âme, c'est-à-dire la Vérité et la Vie suprêmes. Ceux du temps de Socrate disaient qu’il n’y a pas de différence entre la vérité et l’erreur. Ils se faisaient fort de prouver n’importe quoi et son contraire, affirmant qu’il n’y a d’autre justice que la force. Avec cela, contents d’eux-mêmes, viveurs, se faisant payer cher leurs leçons. »
« Il me faut une vigilance soutenue pour que s'accomplisse la mystérieuse alchimie entre le mot et l'image intérieure à véhiculer.
Je frémis devant le monstrueux gaspillage de paroles mortes qui encombrent tous nos rapports, les réduisant le plus souvent à un dialogue de sourds, où chacun s'écoute lui-même. »
« Les gens aiment l'ordre. Voilà pourquoi, lorsque deux réalités commencent à s’affirmer et semblent se contredire, on suppose immédiatement que l’une d’elles doit être fausse. Il faut beaucoup de maturité pour voir et accepter qu’en fait, elles sont peut-être vraies toutes les deux. »
- Oui, dit mon père, tu as raison. Et cependant je ne pense point comme toi…
(...) Ce que charrient les paroles est signe difficile à lire ; les pierres (du temple) ne montrent ni l’ombre ni le silence.
(...) N’écoute point parler les hommes si tu désires les comprendre.
(...) Ce n’est point par la voie du langage que je transmettrai ce qui est en moi. Ce qui est en moi, il n’est point de mot pour le dire. Je ne puis que le signifier dans la mesure où tu l’entends déjà par d’autres chemins que la parole, parce que né du même dieu, tu me ressembles.
(...) Dans ma jeunesse, quand on résistait aux arguments par lesquels je cherchais non à bâtir mais à habiller ma pensée, j’abandonnais la lutte faute de langage efficace contre un avocat meilleur que moi, mais sans jamais renoncer à ma permanence, sachant que ce qu’il me démontrait, c’était simplement que je m’exprimais mal. »
« Ce que je t’ai apporté ce n’est point un raisonnement mais un point de vue d’où raisonner.
Je n’ai point vu d’hommes transformés par des arguments de logiciens. Mais, de m’être adressé à eux à l’essence, par le jeu d’un cérémonial, je les ai ouverts à ma lumière. »
« Je découvris l'universalité de la parole. À un certain niveau, dépouillée d'égocentrisme, je baigne dans la parole qui vit de sa vie propre, et n'a pas besoin de moi pour exister.
Ici se situe le mystère : si je suis là avec mon avidité, ma vanité, mon ambition ou mon angoisse, mes craintes, ma tristesse et ce besoin de toujours tout régir et contrôler en moi, alors ce sera un langage pédant et ridicule (mon langage habituel). Mais, si, par une grâce dont j’ignore le mécanisme, mon petit moi s’efface, se tait, alors… la parole coule d’elle-même dans un assemblage harmonieux de sons et de sens traduisant des images qui réchauffent le cœur, qui parlent à l’homme tout entier, et l’atteignent dans ses sentiments profonds.
Lorsque c’est moi qui parle, le verbiage est communion avec l’autre. Lorsque « cela » parle, tout est simple et beau. Celui qui parle et celui qui écoute reçoivent chacun une pépite d’or. Un instant est vécu, neutralisant, le temps d’un soupir, les glaces de l’iceberg intellectuel qui sclérose la sensibilité.
Il faut toujours s’adresser à son interlocuteur à l’intérieur de la compréhension qui est la sienne, employant les mots dans le sens même que celui-ci leur donne et au niveau d’où il les reçoit. »
« Le sage le plus souvent se tait. Non par orgueil, certes, et non par détachement car ils sont tout amour, mais parce qu’ils savent que tout a été dit, bien que tout n’ait pas été encore compris. »
Il faut parfois une grande force pour parvenir à se taire. « Le silence peut remplacer la riposte inconsidérée ; il peut être le roc contre lequel les vagues écumantes se brisent en vain.
Évidemment il est des cas où tout au contraire, vous n'avez pas le droit de vous taire ; en vous conseillant le silence, je parle de ceux où vous êtes mis personnellement en cause. »
« Purifie tes lèvres par le silence, il faut parfois des mois de silence pour effacer une parole inutile. Qu’à l’heure de ta mort, les anges puissent les regarder sans se blesser les yeux. »